Selon le dossier des catalogues, František Tkadlík n’a créé qu’une vingtaine de portraits sous forme de tableaux suspendus. À ce jour, il n’y a que treize de ceux-là qui sont physiquement traçables et se trouvent sous la propriété de l’État ou de l’Église. La sélection des personnages dépeints montre qu’il ne s’agissait pas de commission de nature purement commercial. Il est plus probable que le peintre ait créé des portraits de ceux qu’il appréciait ou ceux à qui il était reconnaissant. Cela correspond à la stylisation générale de Tkadlík, peinte sans les attributs correspondants standards, qui d’habitude décrivent le statut souhaité par le sujet. Le panthéon du peintre est dominé par ses parents, l’empereur Franz Ier, l’aristocratie, František Palacký ou encore par Josef Dobrovský. Les sujets de ses portraits faisaient souvent partie de ses amis les plus proches, comme František Palacký. Pour le portrait de Josef Dobrovský, une souscription a été lancée dans le cercle de ses admirateurs à Vienne, et le portrait a ensuite été propagé sous forme graphique. Dans la première moitié du XIXe siècle, le portrait n’était pas considéré comme un art élevé dans la hiérarchie des genres artistiques. Ce type de travail était plutôt considéré comme une source d’argent et il existait des portraitistes spécialisés dans ce domaine. Les académiciens considéraient ce type de travail de Tkadlík comme marginal et créaient les portraits exceptionnellement. Tkadlík lui-même se considérait comme un peintre de scènes historiques, qui représentaient à l’époque le summum des projets artistiques. Le portrait de l’inconnu est né à la fin de la première résidence viennoise de Tkadlík et date de 1824, une période de grands bouleversements pour l’artiste. De plus d’être définitivement établi sur la scène artistique viennoise, il a finalement remporté une bourse d’état pour Rome, qui lui a été accordée à l’automne de la même année sur recommandation du prince Clements Metternich. Il a suggéré ces mots sur Tkadlík : « (...) Cependant, je pense que sans aucun doute, il est à un niveau d’éducation artistique plus élevé que tous les autres artistes plus jeunes, qui cultivent alors la peinture historique à Vienne (...) » Le format de l’image est analogue à celui de František Palacký et représente un plus jeune homme en uniforme de fonctionnaire, dont l’identité devra être trouvée dans le cercle d’amis ou chez les mécénats tchèques. Ces derniers ont en effet beaucoup misé sur l’ascension sociale de Tkadlík avant son voyage souhaité en Italie.
Cet artiste né à Malá strana à Prague est un des rares peintres tchèques jouissant du respect en dehors du pays. Après avoir obtenu son diplôme à l’Académie des beaux-arts de Prague, il s’installe à Vienne en 1816, puis à Rome, où il côtoie le cercle nazaréen. Il reste huit ans à Rome pour rentrer à Vienne en 1832. Quatre ans plus tard, il s’installe à Prague où il est nommé troisième directeur de l’Académie des beaux-arts de Prague. À Prague, il réforma avec succès l’enseignement universitaire et, dans la mémoire de ses élèves, il resta un enseignant bien-aimé, contrastant nettement avec ses successeurs.