Carl Thieme 1816—1884

Panorama de Prague 1844

Gouache sur papier, 95 × 350 cm
Signé : “Thieme 1844”.

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Ce panorama (selon le type, aussi diorama, pléorama ou cosmorama) est des noms impressionnant pour des attractions picturales qui évoquent aux gens de notre temps un langage quelque peu incompréhensible du XVIIIe et XIXe siècle. Ils combinent la curiosité liée à la science exacte avec un désir quasi romantique d’apercevoir les villes et les paysages exotiques. Ceux-ci sont représentés dans de généreux projets d’expositions illusoires sans même avoir à parcourir des centaines ou des milliers de kilomètres. À l’origine, la plupart d’entre eux provenaient du Royaume-Uni et de France, mais ils se sont étendus aux terres allemandes, à l’Empire autrichien et ensuite à l’Est. Ils étaient divisés en plusieurs catégories en fonction de la complexité de la conception, allant du panorama exigeant circulaire à de plus petites entreprises telles que le cosmorama. En effet, pas tous les entrepreneurs n’étaient prêts à investir dans la construction d’une arène circulaire coûteuse. Dans l’Empire autrichien, il y en avait uniquement une à Vienne. Il était possible de voyager au contraire dans le monde entier à travers les cosmoramas sans frais supplémentaires. Des artistes nomades ont commencé à voyager dans l’Empire autrichien et en Bohême au début du XIXe siècle. Le premier grand projet d’investissement fut l’événement mené par William Barton, pour lequel Lorenz Jansch et Karel Postl créèrent en 1803 le vaste panorama de Vienne. Souvent ce furent des événements historiques qui été représentés et mis en scène comme l’explosion du Vésuve ou l’incendie de Moscou lors de la fuite de Napoléon. Nombre de personne célèbres visitèrent Prague aux XVIIIe et XIXe siècles et en repartaient charmés. Certains comparaient sa beauté à Rome, d’autres se souvenaient de sa vie urbaine. À cet égard, il est bon de rappeler le livre fascinant de Vincy Schwarz sur Prague, qui contient les réflexions enthousiastes de Hans Christian Andersen, de René Chateaubriand et autres personnalités importantes du monde. Prague pour les érudits était la mystérieuse ville des Amazones, de Jan Žižka de Trocnov, de Golem ou d’Albrecht de Wallenstein. Sa renommée largement dépassait les frontières du royaume tchèque et, bien sûr, également attirait l’attention de ceux qui n’y était jamais allé. À l’époque où il existait peu de source d’information dont nous connaissons l’existence, il était assez courant « d’aller au panorama ». Après avoir payé quelques krejcars, le visiteur était guidé à l’intérieur de la structure en bois par un employé, où il pouvait apercevoir plusieurs mètres de Paris, Rome ou Prague à la lumière des bougies. Au XIXe siècle, lorsque le cinéma n’existait pas et que les gens ne pouvaient pas aussi facilement voyager, le panorama était le moyen idéal pour explorer des paysages exotiques sans avoir à parcourir des centaines, voire des milliers de kilomètres. L’illusion était parfaite. Le spectateur était face à une composition qui l’absorbait à l’aide d'abréviations de la perspective et qui pouvait être approfondi par diverses illusions optiques. Créer un panorama était un art et une science réelle. Il existait plusieurs types qui variaient en fonction de leur difficulté d’exécution. Pour certains, des rotondes circulaires spécialisées avec podiums élevés ont été construites. La plupart de ces œuvres éphémères n’ont pas survécu à ce jour. Elles ont souvent été détruites en raison de leur taille et de leur obsolescence. Bien que leurs auteurs aujourd’hui soient pour la plupart des peintres voyageurs inconnus se déplaçant de ville en ville, des artistes spécialistes étaient parmi eux. Par exemple, à Prague, Antonio Sacchetti a créé le panorama le plus prestigieux de Prague, situé dans l’escalier du Musée de Prague. Le panorama de la bataille de Lipany, créé par un groupe d’artistes dirigé par Luděk Marold, est également connu. Malheureusement, à ce jour, seulement un minimum de ces œuvres a été préservé. La découverte de chaque pièce survécu est un exemple frappant du lien entre le divertissement et l’art au XIXe siècle.

Vincenc Morstadt, Prague, lithographie colorée.

Le Panorama de Thieme nous donne l’occasion de voir le Prague de Biedermeier et de regarder les gens s’amuser dans le jardin du peuple (le parc actuel de Chotkovy sady), ou encore l’emplacement de l’Institut des aveugles à Malá Strana, aujourd’hui Klárov, où se trouvait uniquement une magnifique chapelle. Le point de départ du panorama était sans aucun doute les panoramas de Vincent Morstadt, que Thieme avait compilé. On sait peu de choses sur Carl Thieme mais il était sans aucun doute un artiste polyvalent et un peintre travaillant pour la manufacture de porcelaine de Dresde. Après diverses péripéties artistiques, il fonda en 1872 sa propre usine de porcelaine à Potschappel, près de Dresde. Bien que l’on sache très peu de choses sur lui, son cosmorama de Prague datant de 1844 est un privilège unique à prix historique extraordinaire.

Historique des expositions

Sehnsucht, Das Panorama als Massenunterhaltungen des 19. Jahrhunderts v Kunst-und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, Bonn, 28/03. – 10/10/1993.

Opus magnum, Galerie d’art à Cheb, 09/10/2015 – 10/01/2016.

Petr Skala, Spatřit světlo, Galerie Pro arte, 14/09/2018 – 27/09/2018.

Littérature

Marie-Louise von Plessen (ed.) : Sehnsucht, Das Panorama als Massenunterhaltungen des 19. Jahrhunderts, Bonn 1993, p. 47 (ill.).